Gaza et New York
Alexander Zevin
La phase ouverte dans le Nord Global à la suite du 7 octobre constitue un tournant majeur qui a remis l’anti-impérialisme au centre du jeu. Dans ce texte, Alexander Zevin revient sur ce moment et ses implications politiques dans une des métropoles impériales, New York City.
Initialement paru dans New Left Review en Novembre 2023, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Gaza et New York
Là où la puanteur est la plus forte,
les mots les plus forts sont prononcés.
Si un homme doit se boucher le nez,
comment peut-il se boucher les oreilles ?
—Bertolt Brecht, ‘On the News of the Tory Bloodbath in Greece’
Pour comprendre la position unique qu’Israël occupe dans la politique intérieure américaine, il suffit de comparer les passions suscitées par les guerres successives pour la Palestine et celles générées par l’invasion russe de l’Ukraine. Si cette dernière a été partout, l’attachement pour cette cause a été superficiel et porté par les médias.
Si cette dernière a été omniprésente, l’attachement qu’elle a suscité a été pour l’essentiel superficiel et dicté par les médias. Ainsi, l’effondrement presque total de l’intérêt pour le sort de Kiev, sur lequel la lutte entre la démocratie libérale et l’autocratie était censée tourner, après les attaques du Hamas et l’assaut israélien d’octobre, a orienté toute l’attention vers le Moyen-Orient. Si l’émotion n’a pas manqué depuis, la part du sentiment général – haine, peur, indignation – est bien plus importante, conséquence d’un siècle de colonisation sioniste et de résistance régionale, surdéterminée par les calculs impériaux. L’extermination des Juifs en Europe et l’expulsion des Arabes de leur terre ancestrale en Palestine sont des catastrophes qui continuent à se répercuter sur les populations respectives de quatre continents.
Comme en ce qui concerne les armes et les territoires dont disposent chacune des parties, les ressources matérielles et idéologiques de la part de l’occident sont inégales à un point ahurissant. Les États-Unis exemplifient cette asymétrie. Ici, Israël peut non seulement s’appuyer sur de profonds réservoirs d’émotions, mais aussi sur des électorats motivés qui s’étendent sur les deux principaux partis et leurs dispersions géographiques habituelles : des juifs aux sionistes chrétiens, des synagogues de l’ouest de Los Angele aux méga-églises de l’est du Texas et d’Alabama. En tant que manoeuvre électorale, cela remonte à Truman, dont l’évolution progressive vers le soutien de la création d’Israël comme État juif était en partie basé sur les sondages au sein du parti démocrate des années 1946-1948 qui indiquaient qu’il risquait de perdre New-York sans ce soutien [01]. Le “lobby sioniste” comme on l’appelait à l’époque, s’est développé au-delà de ce que tout calcul purement électoral aurait pu justifier, pour devenir l’une des opérations d’influence les plus vigilantes de Washington.
Stephen Walt et John Mearsheimer ont en premier analysé ses opérations en 2006 à la suite de l’invasion américaine de l’Irak. Incapable de publier ‘The Israel Lobby’ dans une publication américaine, il le firent dans la London Review of Books. Dans leur analyse, le niveau extraordinaire de soutien militaire et diplomatique donné à Israël n’a jamais reflété un choix stratégique rationnel et encore moins un consensus solide dans la société, mais plutôt la capacité à empêcher les commentaires critiques d’être entendus de manière juste, dans l’indifférence générale, car « une discussion franche sur les relations américano-israéliennes pourrait amener les Américains à privilégier une politique différente ». L’application de cette politique dépendait de trois éléments : une main ferme sur le pouvoir législatif, une influence sur le pouvoir exécutif et des efforts déployés par les groupes de réflexion, les universités et les médias pour façonner l’opinion publique. Vingt ans plus tard, que révèlent les bouleversements actuels sur le statut de la question israélienne dans chacun de ces domaines ?
Confinement politique
Au congrès la chape de consensus n’en est que plus étouffante. Après le 11 septembre, Bush Jr. a d’abord pressé Israel de cesser son opération Bouclier Défensif, son invasion de la Cisjordanie pour écraser la seconde Intifada, dans la mesure où celle-ci faisait du mal aux intérêts des États-Unis dans le monde musulman où il cherchait des collaborateurs pour une plus large guerre contre la terreur. Le Congrès répondit par deux résolutions soutenant Israel ainsi qu’avec un programme d’aide, adopté à 94 contre 2 au Sénat et à 351 contre 21 à la Chambre des représentants. 20 ans plus tard, en Octobre 2023, une résolution similaire de la chambre basse fut adoptée avec une majorité plus large de 412 contre 10. Le projet de loi de financement qui l’accompagne dépasse largement l’offre précédente : même si les républicains suppriment les versements à l’Ukraine et qu’un centime humanitaire est ajouté pour Gaza afin de ménager les cœurs les plus tendres des démocrates, il sera sans aucun doute adopté sous les acclamations bipartisanes – envoyant 14 milliards de dollars à Israël, en plus des 3,8 milliards de dollars qu’il a reçus chaque année depuis 2016
dans le cadre d’un accord signé par Obama.
Ces nombres sous-estiment l’uniformité de l’opinion du congrès, alors qu’ils obscurcissent le rôle distinct de chaque parti dans le verrouillage du débat. Tous les opposants à la résolution d’octobre, sauf un, étaient des démocrates : si, contre eux, l’aipac a lancé sa fusillade habituelle -Jamaal Bowman et Ilhan Omar sont prêts à affronter des candidats à la primaire-, elle l’a fait de concert avec les dirigeants du parti, qui considèrent qu’il est de leur devoir d’étouffer toute idée de cessez-le-feu émanant de ces milieux. Parce qu’elle a défendu des manifestants faisant cette demande et avoir condamné Israël pour la frappe sur l’hôpital Al-Ahli, Rashida Tlaib a été censurée pour promouvoir ‘de fausses informations’ et “appeler à la destruction d’Israël”. Les Républicains ont soutenu cette motion, mais 22 démocrates les ont rejoints pour la faire passer, parmi lesquels les principaux récipiendaires à New York de l’argent de l’AIPAC, Richie Torres et le minority leader Hakeem Jeffries. Ces derniers ont ensuite rejoint Nancy Pelosi, Chuck Schumer et le nouveau speaker républicain, Mike Johnson, lors de la Marche pour Israël sur le Mall, sur fond de drapeaux américains et israéliens, aux cris de « pas de cessez-le-feu » et « plus jamais ça ».
Soixante-dix démocrates ont déjà signé une déclaration pour “rejeter l’utilisation de la phrase ‘de la Mer au Jourdain”. Est-ce qu’un État binational unique est “le génocide du peuple juif” ? Cet État est pourtant le programme historique de la gauche israelienne y compris du Parti Communiste pan-israellien-Palestinien. C’était différent de la censure républicaine.
En couvrant les politiques réelles de Tel-Aviv et de Washington, il était pire : excluant un cessez-le-feu au nom du « droit et de l’obligation d’Israël de se défendre », il proposait une « pause humanitaire d’une durée et d’un espace limités », si plusieurs conditions étaient remplies, notamment « la remise en liberté de tous les civils palestiniens détenus par le Hamas en tant que boucliers humains à Gaza ». Deux millions d’entre eux ? Vers où ? Alors que les missiles Hellfire et d’autres munitions fabriquées par les États-Unis s’abattaient sur des hôpitaux, des écoles, des universités, des appartements, des camps de réfugiés et des convois, le Congrès s’occupait des posts sur les médias sociaux de son unique membre palestinien, alors que le même congrès se tournait les pouces pendant que la bande de Gaza brûlait.
Alors que les destructions s’accumulent, une frivolité sinistre continue de régner. Davantage de membres ont signé des déclarations soutenant un cessez-le-feu, ou une pause, ou l’application de lois déjà en vigueur interdisant l’exportation d’armes utilisées contre des civils ; mais chacune de ces initiatives souligne l’étrange passivité des législateurs, comme s’ils étaient de simples signataires de pétition se tenant à l’extérieur de la capitale, plutôt que les représentants élus qu’ils sont. Les ignorant, la Chambre préciser des représentants ? a persisté en adoptant, à temps pour les fêtes, une résolution qui définissait purement et simplement l’antisionisme comme de l’antisémitisme : 314-14, avec 92 présents. Jerrold Nadler, membre du Congrès pour l’Upper West Side de Manhattan, a suggéré avec ménagements que cette résolution n’allait pas dans le sens de l’histoire, et pourrait même être utilisée pour poursuivre ses électeurs, dans le deuxième district le plus juif du pays, pour des critiques classiques de l’actuel gouvernement israélien.
Au dessus de cette mêlée, la Maison Blanche a semblé fonctionner en pilote automatique, suivant le script des administrations passées : les EU comme un courtier honnête, qui fait des gestes en direction d’horizons stratégiques ou moraux qui amènent des accords, des cadres, ou des feuilles de routes ; le mirage de la solution à deux Etats. Biden s’est empressé de serrer Netanyahu dans ses bras. Blinken s’est déplacé dans la région quatre fois au cours du dernier mois préciser quand c’était – à chaque fois en Israël, en plus de « partenaires » comme la Jordanie, les EAU, le Qatar, le Bahreïn, l’Irak, l’Arabie Saoudite, l’Egypte ou la Turquie. Présentés comme un « exercice d’équilibre », ces voyages ont été des occasions d’exhorter publiquement Israël à faire preuve de « retenue » et à garantir des « trêves humanitaires », tout en essayant de soudoyer le Caire et Amman pour qu’ils ouvrent leurs frontières à une nouvelle Nakba de réfugiés issus de Gaza et de la Cisjordanie. Au cours de sa propre apparition à Tel Aviv, Biden a évoqué l’expérience du onze septembre pour soutenir : « si nous recherchions la justice et avons obtenu la justice, nous avons également fait des erreurs ». Venant d’un homme politique responsable de tant d’entre elles, ses remarques semblaient presque une introspection, un conseil offert humblement à un ami – même si l’incapacité à préciser quelles erreurs, ou la façon dont elles pouvaient s’accorder avec la justice, lui retirait tout poids.
En pratique, toutefois, la main qui demandait de la retenue – à Israël – lui a plutôt donné une tape dans le dos. D’un point de vue militaire, l’afflux de matériel dans la région a eu l’objectif inverse : coincer le Hezbollah au Liban et dissuader l’Iran, afin qu’Israël puisse mener son invasion terrestre sans interférence insurmontable. D’où l’envoi de deux groupes d’intervention de porte-avions en Méditerranée orientale, d’au moins un sous-marin atomique supplémentaire, d’avions de chasse provenant de la RAF (Royal Air Force) Lakenheath, d’avion d’attaque au sol A-10 et de systèmes de défense anti aérienne. Les Etats-Unis surveillent le trafic de signaux depuis le Néguev, tandis que leurs drones surveillent Gaza depuis le ciel ; au large, ils ont un accès libre aux bases sur zones de souveraineté britannique à Chypre, où Akrotiri sert de plaque tournante pour les livraisons d’armes et où la NSA fournit des renseignement à Israël, y compris une aide au ciblage. Environ 57 000 soldats et sous-traitants sont stationnés dans la région ; certains effectuent déjà des frappes depuis des bases en Irak et en Syrie, affirmant avoir essuyé des tirs de milices « soutenues par l’Iran » dans ces pays. Face à cette escalade destinée à « éviter l’escalade », à quoi la retenue a-t-elle servi ? À encourager les Israéliens à « utiliser des bombes plus petites » – que les États-Unis leur fournissent, en plus des bombes anti-bunker qui déchirent les rues des villes comme un nuage de sauterelles à shrapnel.
Sur le plan diplomatique, le comportement de l’administration américaine est encore plus flagrant. Bloquer les votes de l’ONU défavorables à Israël, aussi doux ou inoffensifs soient-ils – les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution brésilienne visant à condamner la violence contre tous les civils et à demander une aide humanitaire aux Palestiniens déplacés le 18 octobre – est une pratique courante. Cela permet également à Israël de gagner du temps dans son massacre méthodique des civils, dont le nombre s’élève à 20 000 à l’heure où nous mettons sous presse, deux tiers d’entre eux étant des femmes et des enfants, tandis que les États-Unis mènent les négociations pour inventer un mécanisme permettant de gouverner ce qui reste de Gaza à la fin de la tuerie. Les pressions exercées sur l’Égypte et la Jordanie pour qu’elles accueillent chacune un million de réfugiés semblent n’avoir abouti à rien, malgré les émoluments financiers et le prétendu soutien de « l’envoyé spécial humanitaire [02] » de Joe Biden. Mais cela laisse beaucoup d’autres options : une force internationale, sous les auspices des Arabes, de l’ONU ou de l’OTAN-light ; peut-être avec l’Autorité palestinienne en Cisjordanie comme feuille de vigne autochtone greffée de force sur la bande de Gaza [03] .
L’opposition des États-Unis aux appels de plus en plus nombreux en faveur d’un cessez-le-feu au niveau international n’est pas catégorique ou indéfinie, mais vise à en contrôler le calendrier et les conditions. La plupart des histoires de dissensus au sein de l’exécutif doivent être vues sous cet angle. Lorsque Israël a demandé aux Palestiniens du nord de Gaza de quitter leurs maisons le 12 octobre, le département d’État a demandé à son personnel d’éviter trois phrases, dans le cadre de sa préparation à l’invasion terrestre : « désescalade/cessez-le-feu », « fin de la violence/de l’effusion de sang », « rétablissement du calme ». De nombreuses « fuites » depuis lors n’ont été que des variations de cette directive, une question de rythme. Un mois plus tard, le Washington Post révélait : « La Maison Blanche est frustrée par l’assaut d’Israël mais ne voit que peu d’options », alors que le nombre de morts civils confirmés dépassait le total des deux années de combats en Ukraine.
Perdre la main
Par contraste avec les allées du pouvoir, c’est l’emprise sur l’opinion publique qui semble aujourd’hui la plus fragile. Deux tiers des électeurs américains sont favorables à un cessez-le-feu, et 80 % des démocrates. Pour la première fois en vingt ans, ces derniers déclarent avoir plus de sympathie pour les Palestiniens que pour les Israéliens. C’est chez les 18-34 ans que la côte de Biden a le plus baissé —de 15 points, 70 % d’entre eux désapprouvant sa gestion de la guerre. Empêchée jusqu’à présent de s’exprimer au niveau politique, la solidarité avec les Palestiniens a trouvé des niches dans l’industrie de la culture au sens large : organes de presse et journaux, publicité et médias sociaux, monde de l’art et du cinéma, monde universitaire. Il s’agit en soi d’un signe de crise puisque, comme le notent Walt et Mearsheimer, le statut spécial d’Israël a traditionnellement été défini par son isolement du débat ; une image en trompe-l’œil de l’assentiment du public suffit généralement à l’imposer dans la réalité.
Ainsi, de nombreux propriétaires, cadres, administrateurs et dirigeants ont des réactions féroces face aux dissensions au sein des institutions qu’ils dirigent, où même les déviations gestuelles sont sévèrement punies. Dépendant des donateurs, des abonnés, des billets, des clics et, à un degré ou à un autre, de la bonne volonté de l’État, la “meilleure pratique” consiste à garder le contrôle. Dans quelle mesure cette pratique a-t-elle été couronnée de succès ? D’une part, il s’agit d’une guerre des mots, menée avec les moyens dont dispose ce milieu, sur un ton et dans un vocabulaire qui lui sont propres : accusations d’intimidation, de menaces, de harcèlement, de conditions dangereuses; contrôle du discours acceptable. La ligue Anti-Diffamation a mené une vaste campagne pour disqualifier “From the River to the Sea” en le qualifiant d’ “exterminationniste”. Ces jeux de langage tirent leur force de leur insinuation de la violence, dans le contexte tranquille du travail en col blanc ; lorsqu’on les compare aux souffrance des bombardés et des assiégés, pour intimider ceux qui pourraient avoir des scrupules, ils risquent de provoquer la réaction opposée. La crème de la crème du jeune précariat intellectuel juif américain – écrivains, artistes, universitaires – a signé une dénonciation éloquente de la formule “antisionisme égale antisémitisme”, publiée par un n+1 sous le titre “A Dangerous Conflation” [04] , après qu’un “magazine appartenant à une entreprise” a refusé de le publier.
Mais les conséquences d’une prise de position publique ont été bien réelles. À New York, les lettres et les contre-lettres ont fusé – certains, dans un élan d’enthousiasme ou de remords, signant les deux. Démissions et licenciements se sont multipliés. Le propriétaire d’Artforum, le milliardaire Jay Penske, héritier du secteur du camionnage, a éjecté son rédacteur en chef une semaine après qu’il eut publié une lettre ouverte “en solidarité avec le peuple palestinien”. La campagne visant à l’évincer avait une façade publique – menée par les galeristes Dominique Lévy, Brett Gorvy et Amalia Dayan (petite-fille de Moshe Dayan, le général cyclopéen qui a dirigé les offensives de Tsahal pendant la crise de Suez et la Guerre des Six Jours, au cours d’une carrière remontant à la répression de la Haganah dans les années 1930) – et une façade privée, dans laquelle un héritier milliardaire de Bed Bath & Beyond a exhorté aux artistes, galeries et autres collectionneurs de retirer leurs signatures et leurs annonces publicitaires. Au 92nd St Y, le personnel du centre de poésie a démissionné après que son conseil d’administration ait fait pression sur le directeur pour qu’il annule une conférence de Viet Thanh Nguyen, sur la base d’une lettre qu’il avait signée dans le London Review of Books, déplorant le “meurtre délibéré de civils” et appelant à un cessez-le-feu et à l’acheminement de l’aide à Gaza.
New York est le terrain sur lequel se déroule cette guerre de positionnement, pour deux raisons évidentes : parce qu’elle abrite les plus importants musées, universités, maisons d’édition, sièges sociaux, banques et organisations à but non lucratif, et parce qu’elle est la ville qui compte le plus grand nombre de Juifs au monde. Aussi denses que soient les liens sentimentaux ou de parenté avec l’État d’Israël, la concentration de juifs non pratiquants ou issus de traditions critiques, voire hostiles, à son égard le sont tout autant : Les hassidim Satmar et les socialistes, y compris les sionistes travaillistes désillusionnés et leur descendance. Centre de la “communauté juive”, la ville abrite également une diaspora arabe, moins d’un quart de sa taille — qui a porté des revendications plus larges en faveur d’une Palestine libre, et a subi le poids des accusations d’antisémitisme pour cela, malgré la présence de nombreux New-Yorkais juifs à leurs côtés.
Dans la presse écrite, le New York Times a fourni les informations et les analyses les plus complètes sur la guerre depuis le début du mois d’octobre, par rapport à ses homologues libéraux à grand tirage : Les reportages du Guardian sont aussi minces qu’un boutique Oxfam dévalisée, Yuval Noah Harari et Jonathan Freedland étayant une rubrique d’opinion qui peut condamner Netanyahou, mais pas sa guerre contre “un ennemi d’un autre genre”, le Hamas, ni appeler à un cessez-le-feu ; c’est inférieur aux normes même de CNN, où Jake Tapper pourrait éventuellement fustiger le cabinet israélien pour son sectarisme anti-arabe, et l’assassinat de plus de 170 Palestiniens en Cisjordanie en un mois. The Economist est, comme d’habitude, dans une catégorie à part, publiant des titres tels que “Pourquoi Israël doit continuer à se battre” sous des photos d’une ville de Gaza dévastée.
Au début du mois de novembre, plusieurs médias ont commencé à se recalibrer. Le bombardement de l’hôpital Al-Shifa a peut-être marqué un tournant – Les bébés en unité de soins intensifs néonatals, les supplications des infirmières alors que le courant électrique diminuait, les images et les sons qui dépassaient les justifications, les affirmations selon lesquelles le sous-sol était un “centre de commandement” (plus tard un « nœud ») pour le Hamas. Le New Yorker a exprimé son malaise face à la disproportion des morts et des destructions, son rédacteur en chef David Remnick se rendant en Israël pour se rendre compte par lui-même (alors même que l’Atlantic, à l’extrémité droite du spectre libéral, continuait à ignorer les Palestiniens, sous la houlette de Jeffrey Goldberg, ancien gardien de prison de Tsahal). Le comité éditorial du Times a également pris un virage. Sans revoir sa déclaration initiale selon laquelle “ce qu’Israël se bat pour défendre, c’est une société qui valorise la vie humaine et l’État de droit”, le 3 novembre, il estimait qu’une pause humanitaire “valait la peine d’être tentée” et, une semaine plus tard, il publiait le “guest essay” [05] de l’historien Omer Bartov, appelant à une action rapide pour mettre fin à la violence “insupportable et insoutenable” à Gaza [06] .
Mais cela s’accompagne d’un style éditorial qui tend à tourner en dérision ce que ses reporters transmettent à la 41e rue – des constructions à la voix passive et des formulations si élaborées qu’il est difficile de savoir qui fait quoi et à qui. Après le bombardement d’un camp de réfugiés par Israël : « les explosions que les Gazaouis qualifient de frappes aériennes font de nombreuses victimes dans un quartier dense “ ; les hôpitaux autour desquels ” les combats éclatent “ ; ce qui jette le doute sur les chiffres des victimes, attribués au ” ministère de la santé dirigé par le Hamas » [07] . Pourtant, les écarts sont aussi visibles entre les médias traditionnels —le Washington Post a presque immédiatement soutenu les chiffres de Gaza— qu’à l’intérieur de ceux-ci. Vers la fin du mois de novembre, un article de première page du Times notait que le “rythme des morts” et “l’utilisation de très grosses armes dans des zones urbaines denses, y compris des bombes de 2 000 livres de fabrication américaine” avaient “peu de précédents au cours de ce siècle”—alors même qu’un autre article laissait entendre que la pause dans les combats avait profité au Hamas, et que le comité éditorial lançait de son côté de futiles appels à la relance de la solution des deux États, accusant les Palestiniens d’être responsables de son échec depuis le tournant d’Oslo [08] .
Sous ces médias internationaux se trouve une strate de journaux new-yorkais qui se rapprochent davantage des préoccupations des intellectuels locaux. Beaucoup de ceux qui s’intéressent à la culture juive sont divisés par des fissures similaires, à la fois de classe générationnelles et politiques. À droite, les rédacteurs de la génération X de Tablet reprennent le discours israélien, dénonçant les “mises en scène de Palestiniens souffrant de violence”, comparent Yale au Hamas en passant par le Qatar, et fustigent Biden pour n’avoir pas avoir suffisamment agi pour “punir” l’Iran et ses mandataires, mettant ainsi l’Iran “à l’abri de représailles” [09] . Jewish Currents, qui a repris un ancien titre de la CPUSA (Communist Party USA ) pour devenir un challenger progressiste de Tablet en 2018, a connu d’intenses batailles internes sur la ligne à adopter après le 7 octobre, mais reflète clairement une vision millennial—avec des articles contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et la suppression du discours pro-palestinien aux États-Unis, et des dépêches de Gaza et de Cisjordanie qui qualifient les incursions dans ces régions de “cas d’école de génocide” [10] .
Dissent réunit des sionistes et des interventionnistes libéraux de la “gauche démocratique” dans leur huitième ou neuvième décennie — Michael Walzer, Michael Kazin et d’autres — avec une une cohorte distincte dans leur troisième ou quatrième décennie. En règle générale, cette revue a essayé de jouer sur les deux tableaux : Joshua Leifer se fait l’écho de ses aînés après le 11 septembre, reprochant à “l’ultra-gauche” de Brooklyn de s’être rangée du côté des terroristes ; Gabriel Winant affirme que “le sentiment humain authentique selon lequel il est possible de pleurer de la même manière ceux des deux camps est, tragiquement, faux. L’un des camps dispose d’une énorme machine à faire le deuil, la meilleure au monde… l’autre est affamé de chagrin” [11] . À une certaine distance de ces échanges intracommunautaires, n+1 et Jacobin ont adopté des positions plus cohérentes. Le premier publie des critiques littéraires comme Saree Makdisi et d’autres écrivains dans le sillage du mouvement black lives matter, affirmant sans détours que l’attentat du 7 octobre a ouvert un “trou dans les limites du monde” ; le second, dans des tons moins lyriques, critique les démocrates mainstream pour ne pas avoir soutenu un cessez-le-feu, tout en soulignant les possibilités pour les travailleurs d’en imposer un, pour peu qu’ils soient liés à des mouvements pro-palestiniens dans le monde entier [12] .
Des esprits influençables
Les campus universitaires, où nombre de ces écrivains étudient et travaillent, sont de longue date des cibles du lobby israélien. Pendant la deuxième Intifada, ce dernier a lourdement investi pour contrer les groupes d’étudiants et de professeurs pro-palestiniens, en les surveillant via des organisations comme Caravan for Democracy, le David Project, Campus Watch, la Canary Mission et l’Israel on Campus coalition, cette dernière étant partiellement dirigée par l’Aipac, financée par le milliardaire Adam Milstein et, en violation des lois américaines, en lien direct apparent avec Israël. La montée du mouvement BDS comme levier d’organisation sur les campus a déclenché un nouvel élan de ces organisations, qui se sont de nouveau mobilisées pour faire face à la vague de manifestations depuis octobre.
Celles-ci ont largement été relayées comme le dernier point chaud d’une guerre culturelle au sein des élites, avec des camions de l’organisation Accuracy in Media quadrillant le Harvard Yard en affichant les visages, noms et adresses d’étudiants qui avaient osé signer une lettre du Palestine Solidarity Committee, et des exclusions temporaires ou permanentes des groupes Students for Justice in Palestine, Coalition Against Apartheid, Jewish voices for Peace, entre autres, du MIT, de Brandeis ou de Columbia. Publiquement, l’Anti-Defamation League a exigé que les Students for Justice in Palestine soient examinés pour ‘soutien matériel à une organisation terroriste étrangère. » En privé, son dirigeant s’inquiète de la perte d’influence d’Israël chez les jeunes et se demande si des influenceurs pourraient régler le problème. Les journalistes couvrant les manifestations pour le Times ont soudainement raillé les effets pervers du « jargon académique » sur des esprits influençables, qui inscrivaient la guerre dans un contexte colonial et de justice sociale avec lequel elle n’aurait rien à voir.
Mais la répression ne s’est pas limitée aux universités d’élite ou aux universités d’Etat sous le joug de Républicains en Floride. La City University of New York, le plus grand réseau universitaire public urbain des Etats-Unis, est ainsi soumise à une double pression : son chancelier a publié des déclarations stigmatisant les expressions de solidarité avec les Palestiniens comme des « organisations internes organisant des rassemblements pour célébrer ou soutenir le Hamas », tandis que la gouverneure de l’Etat de New York, la démocrate Kathy Hochul, qui avait donné l’ordre d’éclairer tous les bâtiments officiels de l’Etat en bleu et blanc, puis s’était envolée pour Israël montrer son soutien au « monde civilisé contre le monde non-civilisé », a lancé une « enquête » pour éradiquer l’antisémitisme des 25 campus de la CUNY. Le problème pour les autorités étant ici un corps étudiant de 200 000 personnes majoritairement issues de la classe ouvrière, à 40% immigrées et à 75% de couleur, avec une présence pro-Palestinienne vibrante.
Les manifestations se sont étendues au-delà des universités, pour toucher la plupart des grandes et moyennes villes des Etats-Unis ; ici aussi, néanmoins, New York a été l’épicentre. Mi-octobre, un schéma s’est mis en place avec des actions relativement petites : des manifestations de quelques milliers de personnes convergeant de plusieurs points du centre-ville jusqu’aux Nations Unies, organisées par des groupes palestiniens tels que Al-Awda, in Our Lifetime, Palestinian Youth Movement, avec le soutien des Democratic Socialist of America ou du People’s Forum ; des rassemblements bruyants et compacts à Bay Ridge, quartier habité d’Arabes d’origines diverses du sud de Brooklyn ; des occupations rassemblant tout au plus quelques centaines de personnes chez Black Rock, JP Morgan, dans les buraux du New York Times, ou le long du parcours de la parade de Thanksgiving de Macy’s. Les manifestations les plus spectaculaires ont été menées par Jewish Voice for Peace : le blocage de Grand Central Station, l’occupation de Liberty Island et le blocage du pont de Manhattan avec une masse de t-shirts noirs portant l’inscription « Not in Our Name ». Un défi pour ces coalitions est de croître et de converger ; un autre, plus effrayant, est d’aller au-delà de la désobéissance civile. L’UAW est devenu le plus grand syndicat à soutenir un cessez-le-feu devant la Maison-Blanche, un mois après que les postiers et de nombreux syndicats locaux l’aient fait. Mais peu d’actions industrielles ont suivi. Les liens entre les campus, la rue et les lieux de travail sont faibles, voire inexistants ; les allier offre la meilleure chance de briser la complaisance de la classe politique et d’entraver la machine de guerre à sa disposition.
L’hégémon et ses auxiliaires
A présent, il serait utile de comparer rapidement la situation à New York et à Londres. Les manifestations dans la capitale britannique ont été les plus affluentes de tout l’Occident et ont pris de l’ampleur chaque semaine de Novembre 2023 pour finalement réunir près d’un million de manifestants. Ces manifestations nous donnent une idée indirecte des forces et faiblesses de la gauche, qui trouvent leur origine dans des crises économiques et politiques qui datent d’avant 2008, de 2003 pour être précis. La marée humaine, s’engouffrant sur le pont de Westminster vers l’ambassade américaine à Vauxhaul nous rappelle immanquablement la dernière manifestation d’une telle ampleur, à l’époque contre l’invasion de l’Irak. Corbyn, lorsqu’il dirigeait le parti travailliste devait son aura à son opposition virulente à l’invasion de l’Irak, une décennie après que Blair [13] et Brown [14] y ait entrainé le Royaume-Uni en suivant Bush. La crise qui ébranle à nouveau le parti travailliste relève du même sinistre engagement. Au-delà de l’opportunisme électoral ou de la régulation du parti, son chef [15] procède à une purge de son prédécesseur et à un réalignement sur les positions de Blair et de l’ambassade israélienne [16] .
Comme aux États-Unis, un fossé s’est creusé entre le sentiment populaire et toute expression politique significative de celui-ci : 80 % des électeurs travaillistes – et 64 % des conservateurs – souhaitent un cessez-le-feu. La différence notable est la capacité de cette question à mobiliser au Royaume-Uni, rendant ainsi ce clivage plus visible. Keir Starmer, face à ce mouvement d’opinion, a modifié sa déclaration initiale affirmant qu’Israël avait le droit de couper l’eau, l’électricité et la nourriture à Gaza, en précisant, avec son glaçant jargon juridique, que cela devait « respecter le droit international ». En pratique, il a bloqué au Parlement toutes les tentatives de faire appliquer ce même droit international. Lorsque le SNP [17] a proposé une motion de cessez-le-feu, Starmer a averti que les membres du gouvernement qui la voteraient seraient renvoyés. Cinquante-six députés ont tout de même défié la ligne du parti pour soutenir l’amendement. Dans le même temps, le soutien des électeurs musulmans s’est effondré, passant de 75 % à 5 %, et a joué un rôle clé dans ses défaites aux législatives dans les circonscriptions de Bradford, Birmingham, Blackburn, Luton, etc. Par ailleurs, depuis octobre, cinquante conseillers municipaux ont quitté le parti.
Ce dissensus inhabituel, qui va des hautes sphères de Westminster [18] jusqu’aux conseils municipaux, indique que l’anti-impérialiste du corbynisme aurait pu mobiliser au-delà de son électorat de base. Si de telles scènes spontanées de protestation et d’opposition aux réflexes impériaux avaient été amplifiées par le prochain Premier ministre plutôt que subir une répression policière, l’impact aurait pu être bien différent. Les manifestations contre le groupe parlementaire du parti travailliste, puis au sein même du groupe, ont également révélé les limites de l’accusation d’antisémitisme. Elle a été très efficace lorsque le Guardian et la BBC s’attaquent à des militants anti-guerre modérés qui sont bien trop choqués pour bien s’en défendre. Mais tout a changé lorsque la ministre de l’Intérieur conservatrice a tenté d’appliquer cette étiquette infamante à près d’un million de personnes marchant pour la paix et la justice : cette fois, c’est elle qui a qui dû abandonner, et non les « marches de la haine » [19] .
Dans le centre impérial, c’est une autre dynamique qui est à l’œuvre. La gauche britannique peut encore, après son échec, s’appuyer sur un réseau anti-guerre existant, qui s’est mobilisé contre chaque intervention militaire impériale depuis l’invasion de l’Afghanistan mais les États-Unis affrontent les limites de ce mouvement. La figure de proue des Démocrates socialistes, Bernie Sanders, a refusé de soutenir un cessez-le-feu, adoptant la même ligne que d’autres responsables démocrates, affirmant que cela donnerait une victoire au Hamas alors qu’Israël a le droit absolu de l’éliminer [20] . La trajectoire de Sanders, par rapport à celle de Corbyn, depuis leurs tentatives infructueuses de diriger puis changer la ligne de leurs partis respectifs, illustre la différence des défis qu’ils ont posés aux pouvoirs en place. Les allégations d’antisémitisme n’ont pas été nécessaires aux Etats-Unis, leur efficacité y étant douteuse car Sanders est lui-même juif et suffisamment de juifs sont en désaccords publics pour arriver à faire parler à leur place une structure qui se prétend officielle [21] . C’est en réalité sur des bases politiques que les trajectoires divergent.
Après avoir renoncé à sa campagne lors des primaires démocrates pour soutenir Biden en 2020, Sanders a été couvert d’éloges et récompensé par la présidence d’une commission parlementaire. Ce processus avait en fait été amorcé quatre ans plus tôt après qu’il ait rejoint la direction du parti. Beaucoup ont noté la déception de ses jeunes admirateurs face à sa position sur Israël, souvent pour louer sa carrure d’homme d’État face à leurs passions idéalistes. Une autre interprétation de cette évolution est cependant possible. Quand Sanders et son principal conseiller en politique étrangère ont qualifié l’engagement de l’OTAN par Biden en Ukraine de « solution progressiste », les critiques ont été moins nombreuses et moins virulentes qu’aujourd’hui. Mais l’empire américain n’est pas à la carte (en français dans le texte), comme le souligne sans cesse la Maison-Blanche qui relie ces conflits pour justifier des financements pour les deux. La Secrétaire au Trésor a rassuré ses concitoyens dès le début des combats à Gaza : ils pourraient « certainement se permettre » de financer deux guerres en même temps.
Alexander Cockburn avait identifié ce problème il y déjà plusieurs décennies. Jamais très enthousiaste envers Sanders, il critiquait ce « moulin à vent du Vermont [22] soit disant indépendant» pour avoir dirigé la gauche vers les Démocrates, même après que Clinton ait supprimé l’aide sociale, fait voter la loi sur le crime , les bombardements de l’OTAN en Serbie et pour financer – à défaut d’autoriser – les guerres en Afghanistan et en Irak. En analysant les fragilités du mouvement anti-guerre qui a émergé à cette époque, Cockburn soutient que ces mouvements ne devraient pas être jugés uniquement sur leur succès à stopper les guerres : « les mouvements anti-guerre sont souvent les plus significatifs dans leur postérité, formant une nouvelle génération dans les attitudes et tactiques de résistance » [24] .
Aujourd’hui la situation est différente pour la gauche, la plupart des jeunes et des personnes non-blanches sont dégoutées par ce qu’elles voient se dérouler à Gaza et par le rôle des démocrates. L’anti-impérialisme est une opinion populaire qui ne sera pas marginalisée par les programmes de redistribution économique, quelle que soit la forme que prendra le projet qui portera ces deux aspirations.
Notes
[1] Le lobby sioniste—à distinguer de la communauté juive, dont une grande partie rejetait le sionisme—était moins influent que les conseillers sionistes à la Maison-Blanche, les bailleurs de fonds des partis, les organisations sionistes chrétiennes et le poids des votes du Collège électoral de New York (ainsi que ceux du Connecticut, de l’Illinois, de la Pennsylvanie et de la Californie). En novembre 1947, Clark Clifford, principal conseiller de Truman sur la question palestinienne, remit un mémorandum dans lequel il notait : « Le vote juif, dans la mesure où l’on peut le considérer comme un bloc, n’a d’importance qu’à New York. Mais (à l’exception de Wilson en 1916), aucun candidat depuis 1876 n’a perdu New York tout en remportant la présidence, et ses 47 votes constituent naturellement le premier prix de toute élection. » Les Juifs représentaient environ 14 % de la population de l’État et 20 % de celle de New York. Voir Michael Cohen, Truman and Israel, Berkeley et Los Angeles, 1990, pp. 54–56, 60–61. Voir également la conversation de Truman avec Ernest Bevin en 1946 sur les élections au Congrès : p. 68. ⤴️
[2] David Satterfield, ex-ambassadeur des États-Unis au Liban (1998-2001), a été nommé secrétaire d’État adjoint par intérim pour les affaires du Proche-Orient par Trump en 2017. En 2005, le FBI a découvert qu’il avait transmis des informations classifiées aux lobbyistes de l’AIPAC Steven Rosen et Keith Weissman ; Rosen aurait ensuite transmis certaines de ces informations à Israël. Les charges retenues contre Rosen et Weissman ont été abandonnées en 2009 ; Satterfield n’a jamais été inculpé – les fonctionnaires du département d’État ont fait valoir qu’il avait « agi dans le cadre de son autorité ». Cf. John Hudson, « As Leak Probes Abound Tillerson Promotes Diplomat Who Passed Classified Info to aipac “, Buzzfeed, 16 août 2017 ; Akbar Shahid Ahmed et Rowaida Abdelaziz, “Who Would Accept Such a Life ?” Gaza Conditions Worsen As us Aid Comes Up Short’, HuffPost, 10 novembre 2023 ⤴️
[3] James Shotter, ‘Palestinian Authority and us Work Up Postwar Plan for Gaza’, Financial Times, 8 December 2023. ⤴️
[4] NDT : Une confusion dangereuse ⤴️
[5] NDT : tribunes d’opinion ⤴️
[6] Omer Bartov, “What I Believe as a Historian of Genocide”, New York Times , 10 Novembre 2023. ⤴️
[7] Le 17 octobre, le New York Times a d’abord attribué l’explosion de l’hôpital Al-Ahli à Israël, avant de se raviser à la suite de pressions. Une semaine plus tard, Joe Biden est intervenu en déclarant qu’il “n’avait aucune idée de si les Palestiniens disaient la vérité sur le nombre de personnes tuées”. Il s’est également plaint en privé des titres du New York Times sur Al-Ahli lors d’une réunion avec des banquiers de Wall Street. Matthew Petti, “ Media Amplified us, Israeli Narrative on Palestinian Deaths ”, Responsible Statecraft, 20 novembre 2023. ⤴️
[8] “The Only Way Forward”, New York Times, 25 November 2023. ⤴️
[9] Richard Landes, “Pallywood’s Latest Blockbuster”, Tablet, 29 November 2023; Armin Rosen, “What Yale has in Common with Hamas”, Tablet, 28 November 2023; Jay Mens, “Iran’s Implausible Deniability”, Tablet, 26 Nov 2023. ⤴️
[10] Le débat de Jewish Currents est évoqué dans l’éditorial répondant au 7 octobre : Arielle Angel, “We Cannot Cross Until We Carry Each Other”, Jewish Currents, 12 October 2023. ⤴️
[11] Jo-Ann Mort et Michael Walzer, “Israel Must Defeat Hamas-And Then Get Serious About Peace”, The New Republic, 18 octobre 2023 ; Michael Walzer, “Even the Oppressed Have Obligations”, Atlantic, 6 novembre 2023. Leifer, “Towards a Humane Left”, Dissent, 12 octobre 2023 : “La question de savoir s’il peut y avoir une gauche décente a été posée de manière récurrente dans les pages de ce magazine, plus clairement par Michael Walzer en 2002, mais je dois admettre que j’en ai souvent contesté le fondement… Aujourd’hui, je crains d’avoir été terriblement naïf”. Comparez Winant, “On Mourning and Statehood : A Response to Joshua Leifer”, Dissent, 13 octobre 2023 : “pendant les quelques jours que nous avons passés à nous demander si la gauche était suffisamment décente à l’égard des victimes du Hamas, Israël a préparé sa machine à génocide – qui est maintenant en train de se libérer” ⤴️
[12] n+1 a donné de la place à d’autres initiatives à New York, notamment une table ronde sur le rôle des États-Unis dans le conflit, organisée dans le cadre d’un teach-in (NDT : Un teach-in est type de rassemblement éducatif et informel où des participants débattent de questions sociales ou politiques pour informer et mobiliser, né aux États-Unis dans les années 1960 pendant la guerre du Vietnam.) de la New School le 26 octobre. ⤴️
[13] NDT : Tony Blair, premier ministre britannique travailliste de 1997 à 2007 ⤴️
[14] NDT : Gordon Brown, premier ministre britannique travailliste de 2007 à 2010 ⤴️
[15] NDT : Keir Starmer, actuellement premier ministre ⤴️
[16] L’ancien ministre de la Défense travailliste, Michal Portillo explique que Starmer avait fait “exactement ce qu’il fallait en s’opposant à un cessez le feu à Gaza car les USA “attendaient de savoir si le gouvernement travailliste allait s’éloigner de cette alliance si important pour nous”Good Morning Britain, 5 November 2023. ⤴️
[17] NDT : Scottish National Party, parti écossais pro-indépendance ⤴️
[18] NDT :siège du Parlement britannique ⤴️
[19] NDT :Ainsi que la ministre avait qualifié les manifestations de soutien à Gaza ⤴️
[20] Kayla Guo, ‘On Israel’s War Against Hamas, Sanders Faces a Backlash from the Left’, nyt , 30 November 2023. Faiz Shakir, son directeur de campagne en 2020, expliqua loyalement sa position: ‘L’homme engagé et progressif qu’est Bernie pense qu’il est impossible de prôner la confiance envers le Hamas qui est décidément peu progressif. ⤴️
[21] NDT le Board of Deputies britannique parle au nom des juifs britanniques et entretient des liens directs avec le gouvernement ⤴️
[22] NDT : Etat dont Sanders est originaire et qu’il représente depuis 30 ans au Congrès ⤴️
[23] Alexander Cockburn : The Golden Age is in Us: Journeys and Encounters 1987–1994, Londres, 1994, pp. 414-415 ; « Whatever Happened to the Anti-War Movement », NLR 46, juillet-août 2007. ⤴️
Corpus
Voici un ensemble de textes pour vous permettre d’aller plus loin sur ce sujet
- POUR LA PALESTINE COMME POUR LA TERRE, ANDREAS MALM
- La Fabrique, 2025
- « (RE)CONTEXTUALISER LA PALESTINE », ADAM HANIEH
- TNI, 2024
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Comprendre les rapports de domination a l’echelle internationale
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